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En Avril dernier, plusieurs associations féministes ont crié au scandale lorsque le pilote de F1 Lewis Hamilton a célébré sa victoire au Grand Prix de Chine en aspergeant de champagne une jeune hôtesse qui se tenait à ses côtés. Les « Umbrella girls » et les « grid girls » illuminent de leur féminité les grands prix de Formule 1 et de moto depuis les années 70. Elles paraissent indissociables du sport automobile, pourtant leur présence est aujourd’hui remise en cause.
Véhiculent-elles une image rétrograde de femme-objet exhibée dans un milieu masculin ?
Qui sont les « Umbrella girls » ?
De jolies jeunes femmes en tenue sexy agrémentent les courses automobiles, portant avec grâce un parasol destiné à protéger les coureurs du soleil, ou une pancarte permettant aux écuries de promouvoir une marque.
Rosa Ogawa, l’ ancêtre japonaise.
La première « Umbrella girl » est peu connue dans nos contrées occidentales, mais elle fut une star au Japon en son temps. A la fin des années 60, Rosa Ogawa assistait à la course de son compagnon, un pilote automobile, quand elle fut invitée à accompagner le vainqueur sur le podium. L’image rayonnante renvoyée par cette union de la beauté et du sport fut à l’origine d’un phénomène qui s’est largement répandu depuis.
Symboles de la libération des femmes dans les années 70.
Lorsque la mode gagna nos pays occidentaux quelques années plus tard, à l’heure de la libération sexuelle, des manifestations pour l’avortement et pour l’égalité entre sexes, ces jeunes femmes furent un symbole : celui de la femme affranchie des corvées ménagères, qui côtoie la virilité sans la subir. A l’époque, mini-jupes et sourires radieux aux lèvres, elles incarnaient une forme de renouveau féminin, la femme libre et sexy en toute liberté.
Désormais considérées comme des femmes-objet.
Les mentalités ont depuis largement évolué. La femme aspire désormais au respect de ses congénères masculin, et à se détacher de l’image renvoyée par son seul physique.
C’est pourquoi l’ « umbrella girl » dérange à présent. Elle est jolie, polie, souriante, habillée très court dans un milieu mû par la testostérone…
Les agences qui les emploient se sentent obligées de mentionner leur multi-linguisme, comme pour se faire pardonner leur participation à ce qu’une large frange de la population considère comme un phénomène machiste et dépassé.
Dans les grands salons, traditionnellement très friands d’hôtesses, la tendance a d’ailleurs commencé à s’inverser. De plus en plus d’hommes sont embauchés pour le même poste que leurs collègues féminines. Mais le salon de l’automobile regorge encore de sublimes créatures perchées sur des talons hauts, semblant indissociables de l’engin rutilant qu’elles accompagnent… notamment du côté des voitures italiennes !
Les hôtesses sont encore présentes dans tous les milieux sportifs essentiellement masculins.
La jeunesse et la beauté féminines restent encore largement les accompagnatrices rituelles de certains sports masculins. L’ « umbrella girl » a des sœurs jumelles dans le cyclisme : l’image du vainqueur d’étape ou du maillot jaune du Tour de France sur le podium est indissociable du sourire éclatant et du bouquet de fleurs que lui tend une charmante jeune femme. Et que dire des incontournables pom-pom girls aussi célèbres pour leur lancer de jambes que pour leurs courbes affriolantes ?
Elles féminisent un univers tout de puissance et de virilité.
Peu de femmes ont à l’heure actuelle inscrit leur nom au palmarès des grands prix motos. La première femme à y participer fut une anglaise, Beryl Swain qui atteint la 22 ème place au TT 1962. Depuis, trois femmes seulement ont marqué des points en championnat du monde.
La F1 est encore plus avare en succès féminin, les quelques femmes ayant réussi à se faire une place n’ont « que » le statut de pilote de développement.
Ceci explique-t’ il cela ? Certainement, en grande partie. La pénurie de femmes dans le sport de vitesse a indubitablement favorisé l’accueil ravi de ces jeunes femmes par les spectateurs et les médias.
Mais l’inverse n’est pas encore d’actualité… Peut-être un jour verrons-nous des « pom-pom boys » égayer les pelouses d’un match de foot féminin ?
Disparition des Grid Girls du WEC
Le PDG du tout jeune « Worl Endurance Championship », Gérard Neveu, a annoncé la disparition des hôtesses de la grille de départ de tous les Grands Prix à venir. Il estime que cette tradition n’a plus de raison d’être à l’heure actuelle.
Que le championnat le plus récent soit le premier à prendre cette décision est peut-être le signe avant-coureur de la disparition d’une longue tradition. Si vos filles rêvaient secrètement de devenir « umbrella girls », il est temps de les inciter à se réorienter !
Et pourquoi pas devenir motarde, et prouver à tous ces hommes souvent sceptiques qu’une femme aussi peut briller sur sa moto…